ZOOM SUR …28 jours, un film d'Angèle Marrey, Justine Courtot, Myriam Attia.

Aujourd’hui je présente 28 jours, un film documentaire d'Angèle Marrey, Justine Courtot et Myriam Attia. Écrit et Réalisé par Angèle Marrey. Ce webdocu de 30 minutes est un film nécessaire et accessible. Il traite d’un sujet encore très tabou : Les menstruations. Tout en adoptant un esthétique pop, en mélangeant les mediums avec tantôt de la prise de vu réelle et tantôt de l’animation ; ce film jongle parfaitement entre entretiens (de diverses personnes, des spécialistes, auteurs, gynéco, des hommes et des femmes, d’âges divers et varié) et l’illustration ainsi que la partie un peu pédagogique. Tout cela en soulevant des questions importantes. Comment ça marche ? Pourquoi en avoir honte ? D’où vient ce tabou ? Comment le mettre à mal ? Se poser ces questions c’est déjà soulever le voile de Maya pour y voir plus clair. En comprenant les choses cela permet de ne plus en avoir peur, ça permet de remettre en perspectives et en question ce sujet qui, comme il est dit dans le film, concerne toute l’humanité.

Ce film frais et essentiel est donc à voir et à partager !

(Voilà le lien du film : https://www.youtube.com/watch?v=X1R5pBpKgVE )

Bref on a tellement aimé qu’on l'a dit à la réalisatrice Angèle Marrey et elle à eu la gentillesse de répondre à nos questions :

-Comment vous est venue l’idée de ce film ?

J'ai co-produit le film avec deux amies journalistes. (Justine et Myriam). Myriam ayant des règles douloureuses a dit à voix haute pendant une réunion de rédaction qu’elle n'était pas vraiment en état de rester longtemps à la réunion tellement elle avait de crampes aux ventres à cause de ses règles. Le sujet a tellement choqué la table et nos collègues (Hommes comme filles) . Que nous avons décidé d'en faire un article. Peu à peu nous avons découvert tellement de choses que nous avons fait un docu.

-Ça fait quoi d’être une jeune réalisatrice de documentaire ? En tant que femme c’est important de traiter des sujets tels que les règles en prenant à parti le médium cinématographique ?

Je ne sais pas si le medium cinématographique est le meilleur médium pour parler de ce sujet, mais c'est le mien. (haha ) Mais ce qui est important c'est de parler de ce sujet et aussi de le mettre en image. Le tabou des menstruations est aussi compliqué à traiter car ce sang n'est jamais montré. C'est un sujet sans image finalement. Et c'est ça qui renforce le tabou dans notre société actuelle. D'autre part en tant que femme, je pense que c'est important d'essayer de déconstruire les tabous et les idées préconçues qui nous concerne. (et qui concerne d'autres filles et femmes qui arrivent )

-Considère-tu que socialement c’est un film important ?

Haha ! J'ai pas les chevilles aussi gonflées encore. Mais j'aime à penser que les gens avaient envie de prendre la parole sur le sujet et avaient finalement besoin que quelqu'un le fasse en premier. Il est temps de prendre la parole sur ce genre de sujet, il est temps de changer les choses. Un monde sans " règles" est impossible (ou c'est la fin de l'humanité) , à nous de faire que un monde où on parle de nos règles soit

envisageable.

-C’est ton premier film, comment s’est passé le processus ?

Bah avec du recul, je crois que j'ai fait les choses un peu dans le désordre. Nous avons écrit le dossier pour avoir des subventions, puis j'ai écrit le scénario (qui est beaucoup trop long ...). J'ai fait le story board du documentaire juste après et nous avons débuté les tournages. Durant 7 mois, c'était la course. Entre nos stages et nos quotidiens, je faisais les fiches de services pendant mes pauses dej. Les deux premiers mois, c'était pas facile. Nous n'avions que des réponses négatives. Puis on a décidé d'arrêter d'attendre. On a commencé à rappeler, à s'organiser autrement, à être futées. Petit à petit, les tournages se sont multipliés. Les sessions graphismes et enregistrements de voix sont arrivées bien avant la fin des interviews. On a mis en ligne la bande annonce que je n'avais même pas commencé le montage du film ... haha. Ce qui est vraiment géniale dans ce projet, c'est que c'était une première fois pour toute l'équipe. (De la réalisatrice aux graphistes) On a tous appris sur le terrain, on a essayé puis réessayé et finalement les choses ont avancées. C'était un grand projet pour nous tous ( et encore plus stressant pour moi haha )

-D’autres films en préparation ?

J'espère bien ! Mais pas tout de suite, tout de suite ! J'ai un autre projet en création ...

-Dans votre film nous pouvons voir de l’animation, pourquoi ce choix de mixer les procédés ?

Quand j'ai commencé à écrire le film, j'ai imaginé une atmosphère très douce avec beaucoup de matières différentes. Le film parle avant tout d’humanité, de corps, de liberté corporelle. Les différentes textures, les différentes "visions" entre les interviews et les plans " beauty" puis entre le pastel et le collage, tout ça ... C'était, je crois une façon de créer un " corps" à mon documentaire. J'étais consciente que je ne pourrais pas mettre face à ma caméra toutes les personnes que j'aurais voulu. C'était impossible. Alors je devais trouver un moyen de donner vies à l'histoire d'une autre manière.

-Le montage est rythmé et le ton et le visuel du film sont pop : ces choix de construction et de mise en scène ont-ils un rôle de dédramatisation du sujet ?

Nan, les images ne sont pas là pour dédramatiser mais pour valoriser. J'ai fait ce film pour tenter de faire changer les mentalités et de montrer que les règles sont belles. L'esthétisme du film n'est pas là pour ajouter une représentation trop propre ou cheap des menstruations. Ce n'est pas une pub. Et ce sang je le montre. Mes culottes je les accroche sur la place publique. L'esthétisme n'est pas une manière de cacher le sujet, c'est juste une manière de lui rendre justice.

-Le sujet des règles n’est pas un sujet facilement abordable (société culpabilisante oblige), et au-delà de cela tourner avec plusieurs personnes ça n’est jamais facile. Ça a été compliqué de faire parler les différents intervenants ? Au niveau de la prise de contact notamment.

Les gens ont été timide à se faire connaitre et répondre à nos demandes. Mais après quelques minutes devant la caméra, les gens devenaient bavards et curieux. Après presque une heure d’interviews, les gens restaient avec nous pour que on puisse parler plus longtemps de la question ou leurs donner des conseils.

-Vous avez une page Instagram pour le film, dessus vous postez des messages, des témoignages etc, peux-tu nous en parler rapidement ?

Pour nous, insta est le meilleur médium pour partager ce genre de projet et d'idéologie. Quand nous avons commencé le compte, plusieurs personnes nous envoyaient des messages pour savoir ce que nous préparions. Aujourd’hui, elles et ils nous racontent leurs histoires. C'est mon plus beau cadeau !

-Votre film à pas mal de succès et finalement en entend beaucoup parler, quelles sont tes réactions là-dessus ?

Bah ... je dois avouer que je ne m’en rends pas bien compte. Je suis tellement surprise que je n’arrive pas à me faire à l'idée ! haha ! J'estime avoir énormément de chance de l'ampleur que les gens ont donné au film. Je suis si reconnaissante ! <3

Merci encore Angèle pour ton temps ! <3

Cindy